France : l’ajustement sur l’emploi s’infléchit

par Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management

La dynamique dramatique que suivait l'emploi depuis le troisième trimestre 2008 s'est infléchie au cours du printemps 2009. Le nombre de suppressions d'emplois a été de 74 100 contre 168 300 sur les trois premiers mois de l'année 2009.

Cette inflexion est perceptible sur le premier graphique. On observe cependant, ce qui n'est pas surprenant au regard de la conjoncture, que le niveau d'emploi est bien inférieur à ce qu'il était lors des retournements précédents du marché du travail.

La comparaison la plus immédiate est celle de 1974 qui était caractérisée par un point bas de l'ajustement du marché du travail au bout de 6 trimestres.

 

En 1980, le mouvement du marché du travail avait subi une dynamique en deux temps. D'abord celle liée au 2ème choc pétrolier puis l'inflexion de l'activité globale de 1982 en liaison avec la profonde récession américaine.

En 1990, la dynamique est aussi en 2 temps avec une première inflexion résultant de la récession américaine puis l'impact de la crise du SME de l'automne 1992 et la récession marquée en Europe.

L'importance de l'emploi intérimaire

Le second graphique montre l'évolution sur 2 trimestres de l'emploi intérimaire et sa cohérence avec l'indicateur cyclique (climat des affaires) calculé par l'INSEE dans l'enquête mensuelle. On observe spontanément que le mouvement sur l'emploi intérimaire donne des signaux généralement pertinents et en avance sur l'orientation de l'activité économique. Le retournement de l'emploi intérimaire au 2ème trimestre est de ce point de vue une excellente nouvelle sur l'activité économique.

 

On observe aussi sur le graphique que la dynamique d'ajustement du marché du travail a changé au milieu des années 90.

Activité et Emploi

Sur le 3ème graphique j'ai représenté l'évolution semestrielle du PIB et celle, trimestrielle, de l'emploi. L'idée est de montrer et c'est clairement lisible sur le graphique l'inertie de l'emploi par rapport à l'activité. Les points de retournement dans ce mode d'ajustement sont cohérents et c'est cet aspect qui nous importe.

 

On observe ainsi que si l'économie se stabilise progressivement l'ajustement sur le marché du travail se fera de façon moins dramatique que ce qui était attendu. Il y aura forcément du retard car dans ces périodes incertaines, les entreprises n'embauchent que si elles ont le sentiment que le mouvement d'amélioration sera permanent (c'est l'idée qui sous tend les calculs différents sur les variations semestrielle sur l'activité et trimestrielle sur l'emploi). C'est dans cette optique et pour avoir un signal plus rapide que l'on regardera avec attention le travail intérimaire.

On observe enfin que la hausse de la productivité n'est pas spectaculaire à partir du milieu des années 90. Depuis le premier trimestre 1995, elle n'a été en moyenne que de 0.7 % par an. Est-ce surprenant alors que l'on s'interroge sur la question de la distribution des revenus et leur répartition ? Pas vraiment