par Emmanuel Auboyneau, Gérant associé chez Amplegest
Alors que nous sommes probablement à la veille d’une première baisse des taux en Europe, les politiques monétaires des Banques Centrales sont toujours très aléatoires en raison d’une macroéconomie toujours résiliente. Elles restent le facteur déterminant dans l’évolution des marchés financiers.
C’est l’économie américaine sur laquelle reposent les plus fortes interrogations. Il y a quelques semaines une série de statistiques, notamment liées à la consommation, laissaient présager l’atterrissage en douceur que nous attendons. C’était une bonne nouvelle, accompagnée de chiffres inflationnistes modérés. Les taux longs américains repartaient à la baisse et la perspective de baisse des taux courts par la Réserve Fédérale redevenait probable à la sortie de cet été. Mais très récemment quelques chiffres à nouveau forts sur l’activité ont relancé l’incertitude. La confiance du consommateur s’est affichée en hausse et le marché de l’emploi a redonné des gages de solidité. Les discours contradictoires des différents membres de la Réserve Fédérale contribuent à brouiller le message.
Nous restons sur notre scénario de ralentissement modéré de l’activité américaine. Les hausses de taux passées se diffusent petit à petit dans l’économie. La réserve d’épargne post covid a désormais fondu et devrait contribuer à freiner la consommation des ménages. L’activité industrielle américaine est déjà ralentie depuis plusieurs mois. Les services sont aujourd’hui le principal moteur de l’économie. Ce moteur devrait progressivement perdre de sa puissance.
Sur le front de l’inflation les statistiques oscillent entre bonnes et mauvaises surprises. Les indices refluent globalement tout en restant encore nettement supérieurs à l’objectif de 2%. Parmi les points à surveiller nous voyons les salaires dont la modération récente demande confirmation et l’immobilier qui reste une composante centrale de l’inflation américaine. Le prix des containers est par ailleurs reparti à la hausse avec les problèmes d’insécurité persistants en mer rouge. Enfin, certaines matières premières remontent, comme le cuivre, alors que le pétrole a récemment rebaissé en dépit des tensions internationales.
Ces messages contradictoires sur l’activité et sur l’inflation rendent peu lisible l’action future de la Banque Centrale. Nous restons toutefois sur notre scénario d’une première baisse des taux au quatrième trimestre suivie peut-être d’une autre en 2024. L’année 2025 devrait voir ce mouvement se poursuivre.
En Europe les choses paraissent plus claires. L’économie reste faible malgré un léger rebond et l’inflation est désormais proche des niveaux souhaités. Bien sûr la vigilance est toujours de mise sur les prix du fait de potentiels facteurs aggravants comme les salaires ou les matières premières, mais la Banque Centrale Européenne ne cesse de communiquer sur une première baisse des taux en juin et une analyse factuelle et pragmatique par la suite. Une décorrélation temporaire des politiques monétaires est probable à court terme mais elle ne saurait persister dans la durée.
L’économie chinoise repart progressivement mais reste en deçà des espoirs du gouvernement. De nouvelles incitation monétaires et budgétaires sont toujours possibles et nous prévoyons une croissance un peu plus forte pour les trimestres à venir. La Chine et plus globalement l’Asie devraient contribuer à la bonne tenue à venir de l’activité mondiale.
Le tableau économique est plutôt encourageant mais nous sommes toujours à la merci d’une aggravation de la situation géopolitique, avec l’Ukraine et le Moyen Orient comme principaux points de tension. Nous devons garder ceci à l’esprit dans notre future politique de gestion. Nous ne modifions pas nos allocations à ce jour.