par Hubert de Barochez, Économiste chez BNP Paribas
Cela devait être une revue des dépenses pour les trois prochaines années, mais le gouvernement britannique a revu ses ambitions à la baisse et le budget présenté aujourd’hui par le Chancelier de l’Échiquier, Rishi Sunak, ne concerne finalement que l’année fiscale 2021-22. L’idée pour le gouvernement était de donner la priorité à sa réponse à la crise et de lui permettre de se focaliser sur le soutien à l’emploi.
De fait, Rishi Sunak a annoncé cet après-midi GBP55 milliards pour financer la réponse des services publics à la crise sanitaire l’an prochain. Sans compter ces fonds additionnels, les dépenses courantes en termes réels devraient croître à un rythme annuel moyen de 3,8% entre 2019-20 et 2021-22, soit le rythme le plus rapide depuis quinze ans. Enfin, le chancelier a annoncé un plan d’infrastructure « qui n’arrive qu’une fois par génération ». Les dépenses d’investissement devraient augmenter jusqu’à GBP100 milliards, soit une hausse de GBP27 milliards comparé à 2019-20.
Cependant, la générosité du gouvernement pourrait prendre fin rapidement. Même si le FMI a récemment alerté contre un resserrement trop rapide de la politique fiscale au Royaume-Uni, le chancelier a pris l’engagement, il y a quelques semaines, de rééquilibrer les finances publiques dès que possible. D’après les dernières prévisions de l’Office for Budget Responsibility (OBR), publiées aujourd’hui, le déficit du gouvernement atteindra GBP395 milliards cette année (soit 19% du PIB), et se fixera autour de GBP100 mds (4% du PIB) en 2025-26. Le scénario central montre que GBP20 – 30 milliards devront être dégagés en réduction des dépenses ou augmentation des impôts avant 2024 afin d’équilibrer les revenus et les dépenses courantes du gouvernement.
Cependant, cela risque de poser un important dilemme au gouvernement. D’un côté, une baisse marquée des dépenses semble inenvisageable au vu de l’aversion du Premier ministre Boris Johnson à l’égard de l’austérité. De l’autre côté, une augmentation des impôts pourrait entrer en contradiction directe avec la promesse de campagne du Parti conservateur de n’augmenter ni l’impôt sur le revenu, ni la TVA, ni les contributions des entreprises et des employés (NIC).
Alors que le Royaume-Uni devra déjà gérer un Brexit dur, un resserrement trop prématuré de la politique fiscale pourrait saper la croissance et empêcher l’amélioration des finances publiques.