Perspectives 2021

par Sébastien Galy, Stratégiste Macro Senior chez Nordea AM

Pour l'année prochaine, nous prévoyons une économie mondiale emmenée par la Chine et une relance modérée en Europe et aux États-Unis dans un contexte favorable au risque, même si les prix sont déjà très serrés dans certains segments de l'investment grade. Nous misons sur 1) une relance emmenée par la Chine, 2) des solutions ESG soutenues par des initiatives politiques en Europe et aux États-Unis, 3) les nouvelles technologies, 4) l'infrastructure et 5) des solutions flexibles capables d'adapter rapidement la géométrie d'un portefeuille.

Un rebond centré sur la Chine

La Chine se démarque favorablement, avec une relance économique régulière qui se poursuit à un rythme très correct. La consommation devrait aussi s'améliorer à mesure que le marché de l'emploi se resserre. La demande chinoise soutient déjà la production en Allemagne, et cela devrait aider aussi le reste de la région Asie-Pacifique. On notera toutefois que la Chine doit s'attendre à certaines substitutions d'importations dans des secteurs critiques en cette période de montée des tensions dans la région. Cette évolution sera importante sur un horizon temporel de cinq ans, mais nous restons concentrés sur la relance économique.

États-Unis : une relance en W

Face à la possibilité d'une relance en W, les Démocrates devront sans doute attendre l'inauguration présidentielle du 20 janvier pour adopter un programme important de mesures budgétaires. Si les Républicains gardent le contrôle du Sénat, l'adoption de ces mesures sera de toute façon difficile. Au-delà de cela, et en partie pour financer ce programme, on peut s'attendre à une augmentation d'impôts pour les personnes gagnant plus de 200 000 dollars par an. L'impôt sur les plus-values de capitaux pourrait lui aussi augmenter de manière à s'aligner un peu plus sur l'impôt sur le revenu des personnes physiques afin de ne pas décourager le travail. Cela devrait contribuer à financer une couverture médicale plus large, des infrastructures, la remise des prêts pour étudiants et un plan de 1 700 milliards de dollars devant permettre, en théorie, de réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre d'ici à 2050.

Europe : la dispersion dans la croissance

La croissance en Europe ralentit sous l'effet des confinements dans plusieurs pays et devrait commencer à rebondir en janvier. Le consensus prévoit une relance relativement parallèle des économies, mais on peut s'attendre à quelques disparités et à une surperformance des pays du Nord. Les prévisions misent sur une croissance de 3,5 % des économies nordiques, par exemple. On peut néanmoins s'attendre à ce que l'Europe, dont les économies sont largement en-deçà de leur potentiel, affiche une croissance correcte.

Conséquences pour les produits

Il en découle différentes conséquences pour les produits : 1) Un rebond de la Chine peut s'exprimer par le biais d'expositions aux marchés émergents ou par des expositions propres à la Chine. 2) L'ESG est une tendance séculaire qui se propage rapidement. 3) Les nouvelles technologies comme Alibaba ou Ant bouleversent fondamentalement les entreprises établies. 4) Les infrastructures devraient bénéficier de dépenses publiques en Europe et aux États-Unis. Cette classe d'actifs défensive se négocie actuellement avec des décotes historiques. Elle est exposée à des tendances séculaires comme le vieillissement des actifs, la décarbonisation et les centres de données, qui vont contribuer à son potentiel de croissance.

Conclusion

L'environnement devrait être largement favorable au risque l'année prochaine, mais on observe déjà des signes de tarification excessivement serrée dans l'investment grade. Nous nous attendons à ce que cela provoque des pics de volatilité et des périodes de prévisions de croissance moindres. Il semble donc indiqué de détenir des solutions flexibles capables de s'adapter rapidement à l'évolution des circonstances.