Les marchés émergents toujours positifs

par l’équipe « Actions émergentes » de Franklin Templeton Investments

Les marchés émergents ont continué à bien se comporter en février, l'indice MSCI Emerging Markets s'adjugeant 6,0 % en dollar américain. Les investisseurs ont salué un flux continu d'actualité positive, notamment l'approbation par l'Union européenne d'un deuxième plan de sauvetage pour la Grèce et l'injection par la Banque centrale européenne de plus de 700 milliards USD dans le secteur financier régional, sous forme de prêts à trois ans, afin d'atténuer le resserrement du crédit et de contenir la crise de la dette.

D'autre part, plusieurs pays émergents ont publié des statistiques économiques favorables durant le mois. La Thaïlande s'est hissée parmi les marchés les plus performants en février, non seulement en Asie mais aussi à l'échelle de tous les pays émergents. Ainsi, les actions thaïlandaises (indice MSCI Thailand) ont gagné 12,3 % en dollar américain, la reprise faisant suite aux inondations de 2011 dopant l'économie intérieure et les cours de Bourse. L'Indonésie, en revanche, a été l'un des rares marchés émergents à clôturer le mois en légère baisse. En Europe, la Russie s'est particulièrement distinguée, avec +9,6 % en dollar américain, en partie grâce à la hausse des prix des matières premières et à l'appréciation du rouble.

En Amérique latine, le Chili et la Colombie ont surperformé, tandis que l'Argentine a subi des pertes à deux chiffres, les investisseurs craignant la nationalisation d'actifs privés dans le secteur énergétique.

LE POINT SUR CHAQUE RÉGION

Asie

La croissance du PIB chinois a légèrement ralenti, à 8,9% en GA au quatrième trimestre 2011, contre 9,1 % en GA au troisième trimestre, portant ainsi le taux de croissance sur l'année à 9,2 % en GA. À titre de comparaison, il était de 10,4 % en GA e Afin de réduire progressivement les écarts de revenu en Chine, les autorités ont annoncé des programmes visant à créer 45 millions d'emplois et à augmenter le salaire minimum d'au moins 13 % par an entre 2011 et 2015. Pour soutenir l'économie intérieure, la Banque populaire de Chine a baissé le ratio des réserves obligatoires des grandes banques, qui est passé de 21,0 % à 20,5 %. L'indice des prix à la consommation s'est accéléré à 4,5 % en glissement annuel (GA) en janvier 2012 contre 4,1 % en décembre 2011, en raison de la hausse des prix de l'alimentation et des biens de consommation à l'approche des vacances du Nouvel An chinois. L'excédent commercial s'est nettement accru, passant de 16,5 milliards de dollars en décembre 2011 à 27,3 milliards de dollars en janvier, car le léger recul des exportations a été compensé par une baisse de plus de 10 % sur le front des importations. Les autorités chinoises et brésiliennes se sont engagées à entretenir la croissance rapide des échanges commerciaux et des investissements entre leurs deux pays. Elles ont également convenu de renforcer leur coopération dans des domaines tels que les technologies, les télécommunications et l'agriculture. Le 14ème sommet Chine-Union européenne s'est tenu en Chine ; à cette occasion, les responsables ont souligné l'importance de leur coopération sur les plans économique et commercial.

Les exportations de Corée du Sud ont cédé du terrain pour la première fois depuis octobre 2009, en raison de l'affaiblissement de la demande d'Union européenne. Toutefois, la croissance à deux chiffres des expéditions vers l'Asie a permis de compenser en partie cet impact négatif. Les exportations ont baissé de 6,6 % en GA en janvier, après avoir progressé de 10,8 % en GA en décembre 2011. Les exportations vers l'Union européenne ont chuté de 35,1 % en GA en janvier, alors que celles vers l'Asie ont progressé de 15,1 % en GA. La production industrielle a également été affectée par la faiblesse de la demande en exportations. La croissance de la production est passée de 5,8 % en GA en décembre 2011 à 2,8 % en GA en janvier. Les tensions inflationnistes se sont relâchées et ont atteint leur plus bas niveau depuis un an, dans la fourchette d'objectifs de la Banque centrale (l'IPC s'est établi à 3,4 % en GA en janvier, contre 4,2 % en GA en décembre 2011). Dans la foulée, la Banque centrale a laissé son taux directeur inchangé à 3,25 % pour le huitième mois consécutif en février.

En Inde, le Bureau central des statistiques prévoit un ralentissement de la croissance à 6,9 % en GA sur l'exercice budgétaire 2011-2012, après 8,4 % en GA en 2010-2011. Ce tassement proviendrait principalement des secteurs de l'agriculture, de l'industrie et de l'exploitation minière. L'inflation est tombée à son niveau le plus bas en plus de deux ans, en raison de la baisse des coûts de l'alimentation. L'indice des prix de gros a progressé de 6,6 % en GA en janvier, contre 7,5 % en GA en décembre 2011. La croissance des exportations s'est accélérée, passant de 6,7 % en GA en décembre 2011 à 10,1 % en GA en janvier, à 25,3 milliards de dollars. Elle demeure toutefois inférieure à son niveau de mi-2011, freinée par l'affaiblissement économique des principaux marchés d'exportation de l'Inde, les États-Unis et l'Union européenne. La croissance de la production industrielle a ralenti à 1,8 % en GA en décembre 2011, après 5,9 % en GA en novembre, ce qui s'explique principalement par la hausse plus faible de la production manufacturière et de la production d'électricité, ainsi que par la baisse de la production minière.

Amérique Latine

Au Brésil, les ventes de détail ont dépassé les anticipations et progressé de 6,7 % en GA en décembre, sous l'effet des baisses de taux d'intérêt et des initiatives publiques pour stimuler la croissance. Le chômage a atteint un plancher historique à 4,7 % en décembre 2011, et l'inflation a diminué pour le quatrième mois consécutif en janvier. Ainsi, l'indice des prix à la consommation s'est inscrit en hausse de 6,2 % en GA en janvier, la fourchette d'objectifs de la Banque centrale visant une inflation de 4,5 % plus ou moins 2 %. En comparaison, l'inflation avait représenté 6,5 % en GA en décembre 2011. En revanche, la balance commerciale a enregistré un léger déficit en janvier, car les exportations ont baissé plus vite que les importations. Les autorités chinoises et brésiliennes se sont engagées à entretenir la croissance rapide des échanges commerciaux et des investissements entre leurs deux pays. Elles ont également convenu de renforcer leur coopération dans des domaines tels que les technologies, les télécommunications et l'agriculture.

Afrique

Le premier Ministre d'Afrique du Sud M. Gordhan a annoncé une importante révision à la baisse des objectifs de déficit budgétaire de l'État et des prévisions de croissance sur les trois prochaines années. Les autorités ont baissé leur prévisions de croissance pour 2012 à 2,7 % en GA, contre 3,4 % auparavant, mais elles prévoient un rebond en 2013 (+3,6 % en GA) et 2014 (+4,2 % en GA). L'inflation est passée de 6,1 % en GA en décembre à 6,3 % en GA en janvier, ce qui constitue son niveau le plus élevé en plus de deux ans et dépasse la fourchette d'objectifs de la Banque centrale (3 % à 6 %). Cela est essentiellement imputable à la hausse des coûts de l’alimentation et du pétrole. La croissance des ventes de détail a atteint son plus haut niveau depuis huit mois, à +8,7 % en GA en décembre 2011 contre un chiffre révisé de 7,2 % en GA en novembre 2011. Les dépenses des ménages ont été dopées par le niveau des taux d'intérêt, à leur plus bas depuis plus de 30 ans. La croissance de la production manufacturière a baissé en décembre pour atteindre 2,4 % en GA (contre 2,8 % en GA en novembre 2011), le tassement de la croissance de la production alimentaire contrebalançant la hausse de la production de matières premières.

Europe

Selon les statistiques provisoires, la croissance de la Russie s'est établie à 4,3 % en GA en 2011, au même niveau que les estimations révisées pour 2010. Les principaux moteurs de l'économie ont été la consommation privée et l'agriculture. Sous l'effet des exportations de matières premières, l'excédent commercial de la Russie s'est élargi pour atteindre 20,5 milliards de dollars en décembre 2011, après 17,1 milliards de dollars en novembre. Sur toute l'année 2011, l'excédent commercial russe a représenté 198,1 milliards de dollars. La croissance des ventes de détail a ralenti à 6,8 % en GA en janvier 2012, après 9,5 % en GA en décembre 2011. La banque centrale a laissé son taux directeur inchangé à 8 %, en raison des inquiétudes entourant la reprise économique de la zone euro. Les tensions inflationnistes ont continué à faiblir, l'indice des prix à la consommation reculant à 4,2 % en GA en janvier après 6,1 % en GA en décembre 2011. Au chapitre politique, les regards sont restés braqués sur les élections présidentielles prévues le 4 mars.

En Turquie, la Banque centrale n'a pas changé son taux d'intérêt principal (historiquement faible à 5,75 %), et a réduit son taux d'intérêt de prêt au jour le jour de 100 points de base (1 %) à 11,5 %. L'inflation a atteint son niveau le plus élevé en plus de trois ans, les prix à la consommation progressant de 10,6 % en GA en janvier 2012 sous l'effet de la hausse des prix de l'alcool, du tabac, des transports et des produits alimentaires. En comparaison, l'inflation avait représenté 10,5 % en GA en décembre 2011. La balance courante a accusé un déficit de 6,6 milliards de dollars en décembre 2011, ce qui porte le déficit total de l'année à 77,8 milliards de dollars, soit environ 10 % du PIB (ce déficit étant 65 % plus élevé que celui de 46,6 milliards de dollars enregistré en 2010).

PERSPECTIVES DE L’ASIE DU SUD-EST EN 2012

Les économies d'Asie du Sud-Est (et la plupart des économies d'Asie) ont non seulement enregistré des taux de croissance supérieurs à ceux des pays développés (Amérique du Nord, Europe occidentale, Japon, Australie et Nouvelle-Zélande) mais ont également surclassé de nombreux autres marchés émergents. Grâce à la hausse des revenus par habitant et à des populations relativement jeunes, les économies asiatiques font la part de plus en plus belle à la consommation intérieure. Les matières premières sont également un vecteur important, compte tenu de la demande croissante des industries asiatiques. Cette demande en hausse devrait elle aussi porter la consommation intérieure et la production industrielle.

Le marché actions de l'Indonésie a été l'un des plus performants en 2011 (l'indice MSCI Indonesia a gagné 6 % en dollars américains, alors que le MSCI Emerging Markets a reculé de 18 %). L'économie nationale pourrait continuer à bénéficier de sa croissance solide, de la hausse de la consommation et de l'accroissement des dépenses publiques d'infrastructure. L'Indonésie possède une population jeune et en plein essor, et sa capitale Djakarta pourrait devenir la plus grande ville du monde d'ici vingt ans si elle garde le même rythme de croissance. Ses vastes ressources et sa population nombreuse placent le pays en position favorable pour attirer des investissements et asseoir son économie intérieure. Les perspectives de l'Indonésie sont donc positives, grâce à un important bassin de ressources naturelles et à une population importante qui lui permettront de capter des capitaux et bâtir une économie robuste. En tant que membre du club « Next 11 » (qui regroupe plusieurs pays présentant des profils et des stades de développement variés), l'Indonésie est donc un marché à surveiller. Elle représente déjà l'une de nos plus fortes expositions en Asie, et nous comptons bien continuer à y investir.

En tant que pays émergent, la Malaisie constitue un marché d'investissement très attrayant à l'heure actuelle. Les actions y sont attrayantes dans les secteurs de la consommation et des matières premières. Selon moi, le pays conserve des perspectives à long terme positives, et l'économie résiste grâce à plusieurs facteurs, notamment ses fondamentaux stables, son secteur financier robuste, des politiques budgétaires et monétaires flexibles, ou encore la demande intérieure et la demande en ressources naturelles. Tous ces facteurs traduisent un cadre d'infrastructures et de gouvernance solide. De plus, la capitalisation du marché malaisien a nettement augmenté pendant les 20 dernières années : ainsi, en 1987, elle était inférieure à 20 milliards de dollars, contre 430 289 milliards de dollars aujourd'hui.

D'autre part, la Thaïlande bénéficie de fondamentaux à long terme favorables, et le redressement de son économie est solide. Les facteurs de croissance comprennent les ressources agricoles, les réserves de gaz offshore, une main d'œuvre zélée comparable à celle de Chine dans la production manufacturière, une longue tradition de qualité et un tourisme florissant. De plus, en tant que partenaire commercial majeur d'économies asiatiques en plein développement, la Thaïlande devrait bénéficier de la poursuite du boom des marchés émergents. Le marché actions thaïlandais a aussi été l'un des plus performants en 2011, avec à peine -2 % en dollar américain. Pour les adeptes des actions sous-évaluées, à notre image, les valorisations actuelles sont attrayantes malgré les dégâts des inondations récentes et une certaine instabilité politique. Enfin, les marchés frontières d'Asie du Sud-Est offrent également d'excellentes opportunités de croissance.

Le Myanmar (Birmanie) en est un bon exemple. Sa population de 60 millions d'individus lui confère un excellent potentiel en termes de consommation. De plus, le sol du pays est riche en pétrole, en gaz et en toutes sortes de minéraux. Pour l'heure, les principaux obstacles à l'investissement au Myanmar sont les lacunes de son cadre juridique, de son système bancaire et de ses opérations de change.

Nous privilégions toujours ce que nous appelons les « 2 C » : consommation et commodities. L'émergence de la classe moyenne et le ralentissement de la croissance démographique ont entraîné une hausse du revenu par habitant et de la demande de produits de consommation, ce qui dope les perspectives de croissance des résultats des entreprises du secteur de la consommation. Nous privilégions les sociétés qui occupent une position solide dans la production de matières premières telles que le pétrole, le minerai de fer, l’aluminium, le cuivre, le nickel et le platine. Le développement des infrastructures dans les pays émergents tire la demande en matières premières minières, tandis que la demande en produits agricoles comme le sucre, le cacao et les céréales augmente également. Les pays riches en ressources naturelles, tels que l'Indonésie, bénéficient également de l'accroissement de la demande mondiale.

Alors que les entreprises asiatiques ont enregistré une forte hausse de leurs cours ces dernières années, les bénéfices ont également augmenté, maintenant ainsi le caractère attractif des valorisations. Les opportunités sont nombreuses, et les fondamentaux solides des marchés émergents soutiennent leurs perspectives à long terme. Notre priorité est d’identifier des sociétés dotées de fonds propres solides et proposant une gamme de produits originale et compétitive. Nous recherchons plus particulièrement des entreprises versant des dividendes importants sur le long terme. Il ne faut pas perdre de vue que nous centrons nos efforts sur les entreprises au niveau individuel, ce qui nous permet de déceler des opportunités sur tous les marchés.