Les résultats n’ont pas suffi à convaincre

par Delphine Georges et Ibra Wane, stratégistes chez Crédit Agricole AM

Au cours du mois d’octobre, l’indice MSCI World s’est inscrit en léger recul (-2,1%), avec une baisse plus marquée dans la zone Euro (-4,5%), alors que les marchés britannique (-1,8%) et américain(-2,1%) retrouvaient leurs rôles plus défensifs et que les grands émergents continuaient, dans l’ensemble, à faire bonne figure(Brésil +0,3%, Russie+1,8%, Chine+6,4%). Quoi qu’il en soit, après 7 mois de rebond quasi ininterrompu, octobre aura marqué une rupture dans l’élan du marché.

Besoin d’une pause après le très fort rebond des marchés depuis le point bas du mois de mars, doutes quant à la pérennité de la reprise en cours et interrogations quant aux modalités de sortie de crise, tout ceci a vraisemblablement contribué au repli des marchés.

En revanche, bien que nous ne soyons encore qu’à mi-parcours de la saison des résultats, ceux-ci ont dans l’ensemble tenu leurs promesses et au-delà.

Sur le front de l’économie, le rebond du PIB américain à 3,5% au 3ème trimestre, devrait marquer officiellement la fin de la récession entamée fin 2007. Par ailleurs, ce chiffre s’est avéré légèrement supérieur aux attentes du Consensus(+3,2%). Il n’a cependant pas emporté une adhésion durable.

En effet, hors primes à la casse automobile et crédit d’impôt pour les primo-accédants à l’immobilier, dont l’impact respectif a été estimé aux environs de 1,5%et 0,5% du PIB, le rebond de celui-ci n’eût été que de 1,5% voire 0,6% hors contribution des stocks. Or, comme le dispositif de soutien automobile a été interrompu fin août et celui de l’immobilier devait normalement venir à terme fin novembre, le chômage continue de progresser et le moral des ménages s’est de nouveau détérioré, la croissance serait ainsi vouée à retomber.

Ceci était toutefois prévu de longue date et la rechute du PIB dans les mois à venir pourrait finalement s’avérer plus contenue que prévu dans la mesure où :

  1. le contrecoup de l’arrêt des primes automobiles devrait s’avérer de courte durée,
  2. le dispositif de soutien immobilier devrait finalement être poursuivi jusqu’en avril, 3/ l’effet stock devrait demeurer puissant au cours des deux prochains trimestres.

Au-delà de ces aspects techniques de court terme, l’évolution de l’emploi dans les prochains mois constituera le facteur crucial qui décidera ou non de la diffusion de la reprise au sein de l’économie. Mais à ce sujet, nous considérons que le stress financier au plus fort de la crise a été si intense qu’il a conduit à un sur-ajustement en matière d’emploi. Dès lors, le stress s’étant dissipé, les destructions d’emplois devraient quasi s’arrêter début 2010, ouvrant ainsi la voie à un rebond des capex au cours du second semestre.

Sur le front des résultats, alors que 52%des résultats du S&P500 ont déjà été publiés à ce jour, 82%des sociétés qui ont reporté affichent des résultats supérieurs aux attentes. Ceux-ci ne s’inscrivant en recul « que » de 16%, contre 23% attendus, confirmant à l’occasion le mouvement de décélération de la baisse des résultats enregistrés depuis 9 mois(-101% au T408, -39%au T1 09, -30% au T2 09).

Par ailleurs, contrairement aux apparences, à l’exception du secteur financier, la base de comparaison du T3 08 n’était pas très facile (+15% hors Finances au T3 2008 contre +1% au T2 et +6% au T1, avant l’effondrement du T4 à -46%) ; aussi, dans ces circonstances, le recul de 19% hors Finances, contre-31%attendus, ressort comme une belle performance.

Par ailleurs, alors que les résultats du 1er semestre avaient été sauvés principalement par la réduction des coûts, ceux du 3ème trimestre sont de meilleure qualité avec une résistance meilleure qu’attendu des ventes, qui sur fond de ralentissement du déstockage, ne baissent plus que de 6%contre-15% au 2ème trimestre.