Perspectives 2014 : L’année de la réactivité

par Jeff Hussey, Directeur monde de la gestion chez Russell Investments

Les économies du G3 se dirigent vers une période de croissance synchronisée, quoique modérée, pour 2014. Une bonne nouvelle qui est déjà intégrée à la plupart des marchés actions. Il reste possible de générer de belles performances mais pour ce faire il faudra déployer tout l’arsenal d’une gestion multi-actifs et multi-stratégies.

Nous avons le sentiment d’évoquer l’« environnement de faibles rendements » depuis une éternité – mais en fait, il a été systématiquement repoussé. Les faibles rendements ne se sont pas concrétisés en 2013, mais on ne pourra retarder indéfiniment l'inévitable.

La triste réalité est que les taux des obligations internationales devraient encore augmenter, les spreads de crédit ont peu de marge pour se resserrer, et les marchés actions s’échangent à des niveaux de valorisations relativement élevés.

Nous ne sommes pas pessimistes pour autant : nous estimons que le risque sera correctement rémunéré et que les portefeuilles bien structurés pourront atteindre des objectifs de performances réalistes. En revanche, cette situation renforce la nécessité de gérer les risques à la baisse, de rechercher des opportunités de performance au sein de différentes classes d’actifs, et de privilégier une gestion de portefeuille dynamique tout au long de l’année pour arriver aux résultats souhaités.

Les stratégistes de Russell ont évoqué la notion de reprise en racine carrée pour les Etats-Unis dès 2009 : un redressement économique où le rebond initial de la croissance serait suivi d’une période de croissance plus timide, permettant aux déséquilibres de se résorber doucement. Ainsi l’inflation resterait faible malgré une série d’assouplissements quantitatifs, et les investisseurs seraient progressivement incités à prendre davantage de risques. Le résultat de cette pression : les investisseurs peuvent avoir le sentiment que la Fed leur « fait les poches » et les pousse vers les classes d’actifs risquées.

Ce processus semble se maintenir pour 2014 mais avec une nouveauté ; en effet la Fed semble décidée à réduire sa politique monétaire expansionniste au cours de l’année. Nous ne pouvons être certains des conséquences, mais une hausse de la volatilité semble fort probable.

Les signes d’une stabilisation économique en Europe et au Japon, associés à de meilleures perspectives de croissance pour les Etats-Unis, devraient permettre aux marchés actions de poursuivre légèrement leur hausse, malgré des à-coups dus à la réforme fiscale d’envergure au Japon et aux tensions ponctuelles provoquées par les failles de l’union en Europe. Ces incidences continueront de rappeler aux investisseurs la nécessité de privilégier la prudence et d’éviter les excès d’enthousiasme.

Les vents contraires devraient continuer de freiner les marchés obligataires, dans un contexte de hausse progressive des taux sur la dette souveraine. Dans un monde incertain, le rôle « diversificateur » des taux ne doit pas être sous-estimé. Ici, le défi sera d’identifier des poches de rendement tout en gérant activement l’exposition au taux d’intérêt.

La classe d’actifs des actions émergentes se démarque dans cet environnement offrant peu de valorisations intéressantes. Les incertitudes autour des conditions de crédit en Chine et l’impact du « tapering » de la Fed sur le financement des déficits de comptes courants incitent actuellement à la prudence. Mais les opportunités au sein de cette zone méritent une attention particulière. A l’autre extrémité du marché, les petites capitalisations – notamment aux Etats-Unis – ont eu un parcours difficile et nous semblent intéressantes dans une optique de réduction des risques. Enfin, les stratégies alternatives, notamment les hedge funds offrant une plus faible corrélation aux marchés actions, ont toute leur place dans un portefeuille et pourront être financées par la vente d’obligations et d’actions.

La difficulté qui se pose aux investisseurs à l’aube de cet « environnement de faibles rendements » est celle d’atteindre leurs objectifs de rendement à des niveaux de risque supportables. La meilleure façon d’y parvenir ? S’appuyer sur des stratégies de gestion multi-actifs, gérées activement et diversifiées sur les marchés mondiaux. La réactivité s’impose. Dans un environnement de faibles rendements, chaque point de base compte.