Trois éléments sur la question du plafond de la dette américaine

par Philippe Waechter, directeur de la recherche économique de Natixis Asset Management

Le relèvement probable, la mesure doit être votée, du plafond de la dette pourrait atteindre 2400 Milliards de dollars à l'horizon 2013.

Cela passe par une autorisation immédiate de 400 Mds puis de 500 Mds plus tard à l'automne.

Par la suite, 1500 Mds sur 10 ans de réduction du déficit devront être trouvés par une commission mixte avant novembre 2011.

L'objectif sera de trouver la façon la plus efficace de réduire le déficit de ce montant.

Si aucun accord n'est trouvé, le budget sera réduit de 1 200 Mds de façon systématique Les coupes systématiques éviteront le budget de la sécurité sociale, de Medicaid et des bénéficiaires de Medicare (les laboratoires seront eux pénalisés).

Le plafond sera relevé de 2 400 Mds si la réduction du déficit est de 1 500 Mds mais de 2 100 Mds si il n'y a pas d'accord de la commission mixte.

Trois points doivent être soulignés

  1. Les risques de très court terme sont écartés en faisant l'hypothèse que l'accord tel qu'il a été présenté soit voté. Cela écarte les inquiétudes et incertitudes qu'il pouvait y avoir sur la dynamique des marchés financiers et sur le profil de la croissance US puisque les dépenses du gouvernement fédéral auraient été réduites pour ne pas dépasser les recettes. De ce point de vue il semblait perçu que dans l'arbitrage des dépenses, l'Etat aurait davantage privilégié les dépenses d'intérêt sur la dette pour reporter l'éventuel défaut sur celle ci. Cela se serait alors traduit par des coupes sur les dépenses discrétionnaires et aurait alors directement peser sur la croissance.
  2. Les prochaines discussions auront lieu au moment des élections présidentielles de novembre 2012. Cela traduira alors très clairement des choix de société forts surtout si le Tea Party maintient son influence sur les républicains.
  3. La réduction de 1 500 Mds de dollars du déficit budgétaire n'est certainement pas suffisante pour la stabilité à moyen terme des finances publiques américaines. Au début des discussions entre Paul Ryan (représentant républicain) et la Maison Blanche l'objectif était de 4 000 Mds. La question de la trajectoire à moyen terme des finances publiques US n'est pas réglée. C'est l'inquiétude soulevée par les agences de notation.

On notera aussi qu'il n'est plus question de hausse des impôts comme le souhaitait Barack Obama. Les ajustements se feront par des coupes sur les dépenses. La mutualisation des couts va être réduite de façon significative alors que le taux d'imposition des revenus les plus élevés est très bas actuellement. La collectivité réduira ainsi son support aux américains dont les revenus sont les plus faibles.

Un alinéa sans précision suggère que soit inscrit dans la constitution US l'équilibre budgétaire. Les modalités restent à définir.