UEM : la déprime de l’activité industrielle

par Sandrine Boyadjian et Damien Puy, économistes au Crédit Agricole

– La production industrielle a continué de chuter en février. Le déficit extérieur ne s’est pas creusé en février grâce au repli continu des importations.
– La désinflation s’est poursuivie en mars. En février, la production industrielle hors construction en zone euro a reculé de 2,3% en variation mensuelle.

En glissement annuel, le repli de l’activité a été de 16,8%, soit la plus forte chute enregistrée depuis 1990 – date de la création de cette série. Si l’ensemble des secteurs a, une nouvelle fois, enregistré une baisse sensible de l’activité ce mois-ci, les secteurs des biens de consommation durable et des biens d’investissement ont enregistré les reculs les plus marqués (respectivement -4,3% m/m et -3%). Sous l’hypothèse d’une croissance nulle en mars, la production industrielle européenne aurait reculé de 6,7% en variation trimestrielle au premier trimestre 2009 (après -6,2% au quatrième trimestre 2008).

Le déficit extérieur de la zone euro ne s’est pas creusé en février

Il s’élève à 2 milliards d’euros après 10,9 milliards en janvier dernier (chiffres non corrigés des variations saisonnières). Hors effets saisonniers, le déficit extérieur s’établit néanmoins à 4 milliards d’euros. Les exportations se sont redressées de +0,5% en variations mensuelles mais restent nettement plus faibles qu’un an plus tôt (-23%). Les importations ont légèrement reculé de 0,8% en variations mensuelles, enregistrant un recul de -19,3% en glissement annuel. Les exportations de la zone euro à destination du Royaume-Uni, des Etats-Unis et de la Chine, ses principaux partenaires commerciaux, ont fortement chuté en janvier (respectivement -29% a/a, -27% et -26%).

L’inflation en zone euro a atteint un point bas historique

En mars, l’indice harmonisé des prix à la consommation (IPCH) a progressé de 0,6% sur l’année, soit la plus faible croissance depuis la création de la série en 1996. Cette rapide décrue de l’inflation est surtout le résultat de la chute des prix du pétrole, et de ses conséquences sur les prix du gaz et de l’électricité. L’indice énergie, bien qu’en progression de 1,2% sur le mois de mars, est donc toujours en fort recul (-8,1% a/a). L’IPCH hors énergie et produits frais (« core ») reste globalement stable et progresse de 1,5% a/a. Selon nos prévisions, la décrue de l’inflation totale devrait se poursuivre jusqu’à l’été 2009 pour atteindre un point bas légèrement négatif au mois de juillet, avant de retrouver des niveaux plus conformes aux objectifs de la BCE dès la fin 2009. L’indice « core » devrait en revanche se maintenir au dessus de la barre des 1% a/a sur toute l’année 2009, ce qui relativise la menace de déflation en zone euro.

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