Un G-20 sous tension

par Thibault Mercier et Caroline Newhouse, économistes chez BNP Paribas

Alors que le plan européen de sortie de crise, négocié le 27 octobre dernier, devait être présenté au G-20, l’annonce, lundi soir, de la tenue d’un référendum en Grèce a jeté un pavé dans la marre. La très mauvaise réaction des marchés a, toutefois, pu être enrayée dès le lendemain, grâce aux efforts de persuasion franco-allemands pour obtenir de M. Papandréou un abandon de son projet et l’engagement de l'Italie à remettre en ordre ses finances publiques et solliciter l’aide du FMI pour évaluer ses résultats.

Par ailleurs, la décision de la Banque centrale européenne de baisser ses taux de 25 points de base, à l’occasion de la première réunion du conseil des gouverneurs présidée par M. Mario Draghi, a aussi contribué à rassurer les marchés financiers (cf. la semaine dans la zone euro). Malgré les rebondissements de la crise européenne, nombre de grands dossiers ont pu être discutés et ont fait des avancées :

Gouvernance mondiale : Vers un renforcement du rôle du FMI? Le G20 s’est mis d’accord pour travailler à l'augmentation les ressources du FMI, si besoin, et réfléchir et travailler sur les modalités de collaboration du FMI avec le Fonds européen de Stabilité financière. Par ailleurs, il a entériné la création d'une ligne de liquidité à court terme du FMI pour faire face aux chocs exogènes dans certains pays ainsi qu’une facilité unique afin de répondre aux besoins d’urgence des ses membres.

Réforme du système monétaire international : Le G20 s'est engagé à aller "plus rapidement" vers un système de change davantage déterminé par le marché, sans toutefois donner d'indication de temps. Les membres ont salué en particulier la volonté de la Chine d'augmenter la flexibilité de son taux de change. Enfin, certaines monnaies des pays émergents, comme le yuan, devraient être intégrées dans le panier des Droits de Tirage Spéciaux, l’unité de compte du FMI, en 2015 ou plutôt, au fur et à mesure que celles-ci respecteront les critères définis par le Fonds.

Régulation des marchés agricoles et de matières premières : Les pays du G20 se sont engagés à "augmenter durablement la production et la productivité agricole" et à renforcer, sur le principe, la transparence des marchés des matières premières agricoles via la collecte de données par la FAO. Ils se sont également engagés à améliorer la régulation des marchés des matières premières agricoles, afin de limiter la très grande volatilité des prix, sans toutefois s'accorder sur des mesures coercitives.

Optimisation de la croissance mondiale : Les membres du G20 se sont mis d’accord sur la nécessité pour les pays dont les finances publiques sont solides ou qui affichent des excédents courants, comme la Chine ou l’Allemagne, de contribuer davantage à la croissance mondiale, en laissant jouer les stabilisateurs automatiques (en clair à soutenir leur demande).

Renforcer la régulation financière : Le G20 s’est engagé également à contrôler "en continu" les bonus distribués par les banques, en désignant les "lacunes" dans le respect des normes internationales. Le Conseil de Stabilité financière (CSF)1 sera aussi "réformé" pour "améliorer sa capacité à coordonner et à contrôler le programme de régulation financière". Cette même institution devait publier vendredi "une première liste des établissements financiers d'importance systémique mondiale", c'est-à-dire dont une défaillance risque d'ébranler tout le système financier international. Ces établissements seront soumis à une supervision renforcée, à une nouvelle norme internationale pour les régimes de résolution et, à partir de 2016, à des ratios de fonds propres plus élevés. Par ailleurs, le G20 confirme son engagement à réguler d'ici fin 2012 les produits financiers dérivés. Par ailleurs, le communiqué du G20 dénonce onze paradis fiscaux, la Suisse et le Lichtenstein devant remédier pour leur part à certaines insuffisances.

 NOTES

  1. Mark Carney, gouverneur de la Banque centrale du Canada a été nommé à la tête du CSF, en remplacement du président sortant M. Mario Draghi.