Le marché obligataire n’est pas en bulle

par Vincent Ganne, stratégiste chez IG Markets

Les marchés financiers sont enfermés dans un schéma très classique depuis le printemps dernier, un schéma d’aversion au risque très prononcé.

Dans cette structure de marché, deux catégories s’opposent :

  1. Les marchés actions, sans tendance, plats dans le meilleur des cas et potentiellement baissier si les figures techniques de retournement de tendance sont activées. L’analyse intra marché met aussi en évidence une nette surperformance des secteurs d’activité défensifs.
  2. L’ensemble des actifs « refuges », contrats de taux, devises émergentes et défensives, once d’or et argent, qui suivent une tendance haussière parfaite.

 

Ce mouvement haussier des actifs « refuges » est si fort que la crainte d’un retournement de tendance violent voit à nouveau le jour. Une bulle obligataire est évoquée, son éventuelle présence alimente les débats, l’analyse technique apporte à ce titre une réponse claire : la hausse actuelle des obligations souveraines n’est pas historiquement excessive par rapport aux actions. L’absence d’excès, et donc de bulle, offre encore un important potentiel d’appréciation.

L’indicateur le plus pertinent pour juger de la présence, ou non, d’une bulle sur le marché obligataire est la courbe de force relative BUND/DAX 30. La tendance que suit ce ratio met en évidence les phases de « flight to quality », les périodes ou les obligations surperforment les actions. Ce fut le cas entre 2000 et 2003, 2008 et 2009.

Ce ratio dévoile en ce moment une information majeure : la performance du BUND est presque en ligne avec celle du DAX 30, il n’y a aucun excès de surperformance comme ce fut le cas en 2003 et 2009.

Techniquement, la courbe pourrait démarrer une forte tendance haussière, portée par des indices en baisse et des obligations toujours recherchées.

Une configuration de retournement de tendance se construit, une formation arrondie avec un niveau d’accélération bien identifiée (de couleur rouge sur le graphique). La force relative BUND/DAX appuie donc le scénario d’une poursuite de la progression des contrats de taux et probablement celui d’un marché actions sans tendance, voir baissier.

La réponse apportée par l’analyse technique est donc en accord avec les tendances actuelles du marché de la dette souveraine. Les Etats européens sont en consolidation budgétaire, de quoi rassurer encore quelques mois les créanciers !