par George Latham, Directeur Gestion ISR chez Henderson Global Investors
Qu’évoquent pour vous les montants suivants: 30 milliards de livres sterling, 1000 milliards d’euros et 2.9 trillions d’euros ? 30 millions de livres sterling représente le montant qui, selon Ofgem (le régulateur des réseaux d’électricité et de gaz au Royaume-Uni), devrait être investi au cours des dix prochaines années par les sociétés du réseau britannique de gaz et d’électricité afin de faire face aux enjeux environnementaux mais également de garantir l’approvisionnement. 1000 milliards d’euros (soit un trillion) est le montant qui, selon Citigroup, serait nécessaire au cours des dix prochaines années afin de créer en Europe un réseau d’infrastructure faible en émission de CO2.
Ces deux énormes montants apparaissent désormais bien ridicules en comparaison du nouveau montant qui vient d’être mentionné dans un nouveau rapport, publié par Accenture et Barclays, et dont la sortie a eu lieu mi-février.
Ce rapport détaillé conclu qu’il faudra investir 2,900,000,000,000 d’euros soit 2.9 trillions € dans le secteur des transports, de l’énergie et des bâtiments d’ici à 2020. Les auteurs ont réparti ce montant comme suit : 600 milliards d’euros pour les dépenses de développement en matière de nouvelles technologies, montant ô combien infime en comparaison des 2.3 trillions d’euros nécessaires à la mise en place et à l’approvisionnement de ces infrastructures. Bien que ces montants suffisent à eux seuls à vous faire ‘froid dans le dos’, ils sont un peu plus faciles à assimiler une fois convertis en pourcentage du PIB britannique, soit 2%.
Cependant, la crise financière a conduit à la création d’un gouffre qui a vu les dépenses en développement diminuer de façon significative, dans un contexte d’incertitudes politiques et d’accès restreint à l’emprunt. Ce rapport fait appel aux sociétés du secteur financier et leur demande de songer sérieusement aux structures qui devront rapidement être développées afin de permettre d’allouer des capitaux suffisants pour la mise en place d’une infrastructure «faible en émission de carbone ». L’expression ‘Obligations vertes’ est employée de plus en plus fréquemment pour décrire un marché qui, à l’heure actuelle, reste encore relativement peu développé et immature, mais qui devra rapidement arriver à maturité s’il souhaite faire face aux nombreuses demandes d’investissements pour le compte de projets d’infrastructure verte.
Les gouvernements auront également un rôle important à jouer pour permettre à ce marché de voir le jour le plus rapidement possible. Dans un tel contexte, la mise en place de mesures audacieuses s’impose, notamment avec la création d’une Banque d’Investissement Verte au Royaume-Uni.
Nous avons accueilli favorablement cette initiative. Nous sommes d’ailleurs signataire, parmi sept autres sociétés de gestion britanniques, d’une lettre ouverte adressée au Premier Ministre David Cameron soutenant la création de cette Banque Verte. Au travers de ce courrier, nous insistons sur les besoins d’investissements importants et nécessaires à la mise en place d’infrastructures pauvres en émission de Co2. Un tel établissement qui s’inscrirait dans un cadre réglementaire strict, pourrait jouer un rôle important dans la mise en place et dans l’accélération des sources d’investissements nécessaires. Cette banque pourrait également jouer un rôle clé en stimulant un marché global plus large, spécialisé dans les obligations vertes, et par la même occasion encourager ce type d’investissement au niveau international.
Les gouvernements devront toutefois s’engager à apporter des clarifications sur les réglementations et les primes qui seront mises en place pour stimuler les investissements.