par Laurent-Jacquier Laforge, Global Head of Sustainable Investing du Groupe La Française
Boris Johnson nous avait prévenu, la COP 26 qui se terminera ce vendredi soir à Glasgow devait obtenir des résultats portant sur « coal, cars, cash and trees », très pragmatique ! Et en effet, cette nouvelle COP de la dernière chance n’aura pas été celle d’un miracle. Elle aura toutefois permis des avancées qu’il n’y a pas si longtemps auraient satisfait les ONGs et les divers observateurs.
- Elle aura permis d’embarquer des pays, peu enclins à s’engager jusqu’ici, dans le grand mouvement des « zéro émissions nettes d’ici 2050 ou 60 voire 70 ». Voilà de quoi à remplir le verre qui malheureusement reste à moitié vide : L’engagement récent de l’Australie, de l’Inde ou l’Arabie Saoudite vers des émissions nettes de CO2 à zéro à échéance de 30 à 50 ans reste symbolique, n’étant ni étayées par des engagements sur des objectifs intermédiaires, ni par des engagements à réduire et abandonner les énergies fossiles et en premier lieu le charbon.
- La conférence de presse du 10 novembre qui réunissait américains et chinois, les deux plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, annonçait : “China-US joint Glasgow declaration on enhancing climate action in the 2020s”. Les protagonistes réitéraient en substance les engagements de l’accord de Paris de 2015, avec plus de détails annoncés pour…la COP27 fin 2022.
- La tendance à Glasgow a été aux grandes annonces : déforestation, méthane, charbon, voitures thermiques, etc., mais aucun de ces engagements n’est apparu comme novateur et aucun n’est assez ambitieux pour permettre de respecter l’Accord de Paris.
- Les engagements portant sur le méthane et les énergies fossiles vont toutefois dans la bonne direction.
- Un des principaux problèmes reste celui de l’accompagnement nord-sud : la promesse du transfert de $100Mds par an vers les pays en développement prise en 2009 n’est toujours pas effective.
La COP 26 sera-t-elle une réunion de passage de plus, d’une COP à l’autre pour s’engager sur des ambitions réelles assorties de plan détaillés vers des émissions nettes zéro ? La COP26 sauve les meubles, permettant à chacun de rentrer chez lui la tête haute, états comme entreprises sans remettre véritablement en cause le ‘business as usual’. Cette COP 26 ne restera pas dans les livres d’histoire comme celle où le monde a réellement pris conscience du défi climatique au point de changer véritablement et de s’engager dans des plans d’actions. On ne pourra véritablement progresser (au-delà de chiffres records annoncés qui tournent à l’absurde : que veulent dire 130 000 milliards d’engagements ?) tant que la politique fiscale n’aura pas intégré un prix (ou une taxe) carbone mondial. Une politique fiscale est nécessaire puisque la politique monétaire est impuissante à forcer la transition. Elle serait à la charge des consommateurs puisque c’est la seule manière d’influencer les comportements, aussi difficile et douloureuse soit-elle.