De l’importance des cours du pétrole

par David Herro, CFA, CIO International Equities, chez Harris Associates Expert en investissement de Natixis Global Asset Management

Alors que les cours pétroliers sont tombés sous la barre des 30 $ le baril en janvier du fait des craintes de surproduction et d’une demande moindre de la part de la Chine due au ralentissement économique, les marchés financiers du monde entier ont accusé un recul proche d’une tendance baissière.

Outre le ralentissement de la croissance en Chine, le prochain sujet d’inquiétude sur les marchés mondiaux des actions est le cours du pétrole. Aujourd’hui, subitement, l’effondrement du cours du pétrole serait néfaste pour les marchés ? Certes, la raison pour laquelle nous n’écoutons pas tous les grands pontes de l’économie aux actualités quotidiennes est que ce sont les mêmes qui nous affirmaient, il y a seulement quelques années, que le pétrole allait dépasser les 200 $ le baril et que la demande excéderait l’offre. Or, aujourd’hui, le pétrole se situe aux alentours de 30 $ le baril. Je dirais même que nous sommes passés d’un extrême à l’autre.

Une hausse de la demande pétrolière due à la faiblesse des cours

A mon avis, la demande pétrolière n’est pas en chute libre, comme semble l’indiquer le cours. En effet, nous constatons un redressement de la demande pétrolière. Par exemple, le nombre moyen de miles parcourus aux Etats-Unis a augmenté de plus de 4 %, selon les chiffres du Ministère américain des Transports. Inversement, les miles parcourus étaient en recul en période de prix élevés du pétrole et de l’essence. Par ailleurs, tandis que les Toyota Prius prennent la poussière chez les concessionnaires, les 4X4 se vendent comme des petits pains. Nous nous adaptons donc à ce changement de prix et le consommateur, à tort ou à raison, augmente son kilométrage et achète des véhicules plus puissants.

En outre, si l’économie mondiale progresse aux taux prévus par la Banque Mondiale au cours des cinq prochaines années, nous allons continuer à consommer davantage de pétrole.

Epuisement des réserves offshore

Les ressources et réserves pétrolières les plus onéreuses sont situées en mer, ce qui représente environ 20 % de l’offre globale. Le forage offshore se réduit d’environ 8 % à 12 % par an si les entreprises n’y consacrent pas davantage de dépenses en capital. Par conséquent, avec un cours pétrolier largement inférieur à 80 $ le baril, le coût du forage offshore devient prohibitif. Ainsi, il faut s’attendre à une réduction de ces sources offshore et à une évolution rapidement négative, ce qui contribuera à diminuer les réserves de pétrole.

La volatilité, source d’opportunités

Les cours des actions sur les marchés mondiaux ont fortement reculé en janvier. Toutefois, la valeur à long terme des entreprises de haute qualité n’est pas affectée selon nous. C’est l’occasion de tirer parti de la volatilité du marché due à divers facteurs non fondamentaux.

Par ailleurs, il convient de noter que le niveau bas des prix de l’énergie peut se révéler une aubaine pour les consommateurs, qui dépensent désormais moins d’argent pour leur consommation d’essence et de chauffage. Ils ont maintenant davantage d’argent en poche à dépenser, ce qui contribue à alimenter l’économie.