Effets de mode

par Emmanuel Auboyneau, Gérant Associé, et Xavier d'Ornellas, Gérant Associé Pôle Gestion Flexible chez Amplégest avec la participation de Jean-Michel Mourette, Economiste (Eureka Finance)

La publication récente d’un taux de croissance modeste (+0,5%) pour le premier trimestre aux USA a inquiété les investisseurs. Cette déception passagère ne remet pas en cause, selon nous, la tendance positive de l’économie américaine. Le PIB a souffert d’une consommation faible et d’un effet stock négatif de 0,3%. Au-delà de ce chiffre, nous constatons une légère reprise de l’industrie américaine, un marché immobilier toujours solide et une situation de quasi plein emploi qui n’est pas compatible avec une économie faible. Au cours des prochains trimestres nous nous attendons donc à une croissance américaine plus vigoureuse, dans le sillage d’indicateurs avancés en hausse sensible.

L’inflation devrait par ailleurs faire son retour, aidée par la disparition de l’effet de base favorable du pétrole (cf point macro n°54 « tiens revoilà l’inflation »). Croissance et inflation ne sont pas forcément un mauvais scénario pour les actions, le juge de paix restant alors les résultats des entreprises, qui devraient osciller entre effet croissance positif et effet hausses de salaires négatif.

Contrairement à l’Amérique, l’Europe n’a pas déçu au premier trimestre avec des taux de croissance supérieurs aux anticipations. La tendance est favorable mais il faut surveiller l’évolution future des deux moteurs que sont l’euro et le pétrole. Leur baisse respective a contribué significativement au redressement de notre continent depuis plusieurs mois. A l’inverse, leur remontée récente, si elle devait se confirmer, pourrait avoir un impact négatif, même si le moteur de la BCE continue, lui, à tourner à plein régime.

Du côté de l’Asie, les derniers chiffres montrent une stabilisation de l’économie chinoise, conforme à nos prévisions. Le Japon déçoit encore et ne semble plus répondre aux politiques monétaires et fiscales très favorables mises en place depuis plusieurs années.

L’économie mondiale n’est pas menacée à court terme d’une rechute et l’horizon pourrait même s’éclaircir au second trimestre. Pourtant, les marchés sont toujours aussi volatiles et nerveux. La publication des bénéfices des sociétés pour le premier trimestre en Europe et aux Etats-Unis, dans l’ensemble favorables quoique très disparates, n’a pas eu, à ce stade, d’impact positif.

Les marchés financiers ont ceci de particulier qu’ils subissent régulièrement des effets de mode passagers, qui deviennent l’alpha et l’oméga des investisseurs. Ainsi, depuis plusieurs mois les indices étaient pratiquement corrélés au prix du pétrole, qui devenait la variable déterminante. Maintenant que l’or noir a cessé sa chute et qu’il est remonté autour de 50 dollars le baril, son évolution semble se faire dans l’indifférence. Depuis quelques jours le focus est mis sur les parités de change des principales devises. La remontée de l’euro et du yen par rapport au dollar inquiète les marchés qui ont trouvé un nouveau baromètre à court terme. Dans quelques mois, ce seront peut-être les chiffres d’inflation qui s’imposeront comme le vecteur principal de l’évolution des indices boursiers. Il ne faut pas accorder trop d’importance à ces modes éphémères qui créent de la nervosité, et provoquent un effet balancier parfois excessif. Un scénario cohérent sur l’économie et les entreprises permet de mettre en place une politique de gestion efficace.

Toutefois, la volatilité persistante et les risques géopolitiques à court terme (Brexit, Espagne, Moyen Orient…) nous incitent à garder les liquidités que nous avons dans les portefeuilles depuis plusieurs mois, et à privilégier les fonds prudents tels qu’Amplegest Long Short. Cet attentisme ne remet pas en cause notre scénario favorable aux actions d’ici à la fin de l’année.