Etats-Unis : la croissance soutenue par le cycle des stocks

par Laurent Berrebi, Directeur des Études Économiques de Groupama AM

La croissance aux Etats-Unis a été de 3,5% au 3ième trimestre après -0,6% le trimestre précédent, tirée par la consommation des ménages, croissance qui a bénéficié de la prime à la casse et des hausses du salaire minimum. La croissance devrait se poursuivre au même rythme au 4ième trimestre grâce à la réduction du rythme de déstockage. Cependant, la baisse prochaine de l’indice ISM manufacturier indiquera un ralentissement de l’activité dès le début de l’année 2010, sous l’impact des réductions de surcapacités structurelles qui vont se poursuivre.

La crise de l’immobilier commercial qui n’en est qu’à ses débuts va alors s’amplifier et affecter davantage les comptes du système bancaire. Par ailleurs, les fermetures d’unités entières (bureaux, commerces, usines) s’accompagneront de la poursuite des suppressions d’emplois.

En dégradant davantage le pouvoir d’achat salarial, la hausse des prix énergétiques accentuera les pressions déflationnistes internes. L’inflation sous-jacente devrait sensiblement baisser, mais la remontée des prix énergétiques fera remonter l’inflation annuelle à 1% d’ici quelques mois.

Dans ces conditions, un soutien fiscal supplémentaire de l’ordre de 300 Md$, soit 2,5% du PIB, s’avère d’autant plus indispensable pour soutenir la consommation que le taux d’épargne est toujours trop bas. Enfin, il paraît d’autant plus nécessaire de continuer à soutenir l’immobilier résidentiel que ce dernier multiplie les signes de rechute après son fort rebond.

Zone Euro : le retard d’ajustement de la part des entreprises entretiendra les mécanismes récessifs en 2010

Après une baisse de 0,2%, le PIB a augmenté de 0,4% au 3ième trimestre, ce qui paraît décevant au regard des indicateurs avancés. La France en particulier n’enregistre qu’une croissance de 0,3%, comme au trimestre précédent, alors que l’Allemagne fait mieux avec une hausse de 0,7% de son PIB après +0,4%.

L’amélioration des indicateurs avancés est assez large sur le mois tant au niveau sectoriel que géographique. La croissance devrait se poursuivre au 4ième trimestre et elle proviendrait essentiellement du cycle des stocks. Car, la faible amélioration des carnets de commandes indique toujours une demande finale mal orientée : le rebond de l’activité n’est pas pérenne.

Alors que les exportations semblent avoir beaucoup de difficultés à reprendre, le retard de l’ajustement des entreprises sur tous les plans (investissement, effectifs, profits, situation financière) se traduira par la poursuite des suppressions d’emplois, des réductions d’investissement et l’accentuation des faillites en 2010. Les perspectives de consommation sont alors mauvaises : déjà la consommation baisse de nouveau au 3ième trimestre dans l’ensemble de la zone euro, en dépit de la poursuite de l’amélioration sur le marché automobile. Au total, les mécanismes resteront récessifs en 2010 et les pressions déflationnistes s’intensifieront en dépit de la remontée des prix énergétiques : un nouveau soutien budgétaire s’avère indispensable.

Japon : nouvelle accélération des exportations, poursuite de la baisse de la demande intérieure

La nouvelle accélération des exportations, sous l’impact de l’Asie et en particulier de la Chine, devrait continuer à entraîner la production industrielle, comme l’annonce le Ministère des Finances, au vu notamment du rythme très satisfaisant de réduction des stocks.

La consommation des ménages a été soutenue jusqu’à présent par les mesures gouvernementales ainsi que par la baisse importante des prix à la consommation, alors que l’emploi s’est stabilisé sur les deux derniers mois.

Cependant, la demande intérieure n’a toujours pas fini de baisser. Les permis de construire dans l’immobilier résidentiel accentuent leur chute et la baisse des prix immobiliers n’a jamais été aussi marquée à Tokyo depuis 1998. Enfin, les suppressions de surcapacités structurelles vont se poursuivre : la contraction de l’immobilier non-résidentiel ira de pair avec des suppressions d’emplois importantes et des baisses de salaire. Au total, les perspectives de consommation sont mauvaises : la future baisse de la consommation devrait amplifier les pressions déflationnistes que la force du yen a déjà sensiblement aggravées.