Etats-Unis : marée grise

par Hélène Baudchon et Lauren Nguyen, économistes au Crédit Agricole

  • Augmentation de 0,5% sur le mois de mars de l’ensemble des prix à la consommation, mais de seulement 0,1% du sous-jacent.
  • Progression correcte de 0,4% sur le mois de mars des ventes au détail.
  • Tassement de l’enquête NFIB sur le moral des PME au mois de mars.

 

Les prix à la consommation ont progressé de 0,5% sur le mois de mars, dont 0,3 point dû à la seule hausse des prix de l’énergie et 0,1 point à celle des prix alimentaires. L’inflation totale grimpe de ce fait de 2,1% à 2,7% en glissement annuel, un plus «haut» depuis décembre 2009. L’inflation sous-jacente reste néanmoins sur des rythmes beaucoup plus modestes et confortables : +0,1% sur le mois et +1,2% sur un an. La faible augmentation de l’indice sous-jacent s’appuie sur un ensemble de composantes: l’habillement, les loisirs, l’éducation et la communication, la santé, le logement. La tendance néanmoins est au redressement de l’inflation sous-jacente en glissement annuel, un redressement somme toute assez rapide, puisque elle était encore de seulement 0,6% en octobre dernier. Ce mouvement va se poursuivre mais, encore une fois, sans qu’il faille s’en inquiéter, tant il est de l’ordre de la normalisation. D’après nos prévisions actuelles, l’inflation sous-jacente atteindrait 1,6% fin 2011 et 2% seulement en 2013.

Les ventes au détail ont progressé de 0,4% sur le mois de mars, après une révision en hausse de leur augmentation en janvier et février (respectivement, 0,8% et 1,1%). Ce chiffre est plus correct qu’il n’y paraît. Il est tiré vers le bas par le recul des ventes de voitures (-1,7%) et vers le haut par l’augmentation du prix de l’essence (recettes des stations-service en hausse de 2,6%). En dehors de ces deux composantes, les ventes ont augmenté de 0,7%, soutenues par la forte progression des matériaux de construction (2,2%), l’électronique (2,1%), l’ameublement (3,6%), et la santé et l’habillement dans une moindre mesure. Ce chiffre semble étonnamment bon au regard du bas moral des ménages et de l’érosion de leur pouvoir d’achat dus à la hausse de l’essence. Il est néanmoins susceptible d’être biaisé à la hausse par une CVS peut-être trop généreuse visant à corriger du caractère tardif de Pâques cette année. Sur la base des chiffres actuellement disponibles, la progression des ventes au détail sous-jacentes (hors autos, essence et matériel de construction) au premier trimestre dépasse largement celle du quatrième trimestre 2010 en termes nominaux (8,1% contre 6,5% en rythme annualisé), mais elle est bien inférieure en termes réels (3% environ après 4%).

L’enquête NFIB sur le moral des PME a accusé un recul important au mois de mars, fléchissant de 94,5 à 91,9, son plus bas niveau depuis octobre dernier. Les détails de l’enquête sont mitigés. Côté négatif, le recul a été entraîné par la dégradation du jugement sur les perspectives d’activité, le résultat probable de la hausse du pétrole, une réaction similaire à celle des consommateurs. La composante « emploi » de l’enquête est également en léger recul, seulement 2% des entreprises interrogées prévoyant une hausse des embauches, tandis que les composantes « prix » (augmentation réalisée et planifiée des prix de vente) poursuivent leur ascension. Cependant, le jugement plus positif sur l’accès au crédit, associé à des intentions d’investissement nettement en hausse, est très encourageant, compte tenu de la dépendance des PME à ce type de financement et permet de relativiser la baisse de leur moral.

Retrouvez les études économiques de Crédit Agricole