France : le moteur « ménages » se grippe

par Olivier Eluère et Werner Perdrizet, économistes au Crédit Agricole

  • Au troisième trimestre, le chômage au sens du BIT progresse de 0,2 point à 9,3%.
  • En octobre, la consommation des ménages en biens est quasi-stable (+0,0% m/m). 
  • En octobre, le crédit aux sociétés reste soutenu, l’inflexion se précise pour le crédit habitat.

 

Au troisième trimestre, le chômage, au sens du BIT, publié par l’Insee a augmenté de 0,2 point à 9,3% en France métropolitaine. Ces chiffres s’accordent avec la tendance haussière du nombre de demandeurs d’emploi inscrits au Pôle emploi, notamment ceux en catégorie A (définition proche de celle du BIT). En octobre, leur nombre a progressé de +1,2% m/m, soit +4,7% a/a. Cette aggravation du chômage devrait se poursuivre, compte tenu de la nette détérioration du marché de l’emploi. Au troisième trimestre, l’emploi salarié (secteurs marchands non agricoles) est resté quasi-stable (+7 400 postes, soit +0,0%). Au quatrième trimestre, les données d’enquête PMI sur les perspectives d’embauche des entreprises suggèrent que l’emploi devrait rester à peu près stabilisé. Néanmoins, au cours de ces deux prochains trimestres, le repli attendu de la croissance (-0,1% T4, -0,2% T1 2012) et une profitabilité déjà très dégradée devraient conduire les entreprises à réduire leurs effectifs. Le chômage devrait alors continuer à progresser et est attendu à 9,6% en moyenne en 2012, contre 9,3% en 2011.

En octobre, la consommation des ménages en biens est quasi-stable (+0,0% m/m). Elle est également stable, par rapport à la moyenne du T3. Les biens fabriqués ont pourtant augmenté de 0,9% mais les dépenses des ménages en produits alimentaires et en énergie ont reculé (de respectivement -0,3% et -2%). La baisse de la consommation de tabac a notamment pesé sur l’alimentaire, les ménages ayant anticipé en septembre la hausse des prix mi-octobre (+6%). Les températures relativement clémentes expliquent, par ailleurs, la baisse des dépenses en énergie. Le chiffre d’octobre suggère une croissance nulle de la consommation des ménages au quatrième trimestre. Dans un contexte d’inquiétude, généralisée et de remontée du chômage, la confiance des ménages est très basse et conforte les comportements attentistes. La poursuite du ralentissement économique devrait continuer à creuser le moral des ménages, mais grâce à un léger recul du taux d’épargne et à une moindre inflation, la consommation progresserait de 0,7% en 2012.

En octobre, les encours de crédit au secteur privé sont restés assez soutenus. Les encours de crédit aux sociétés ont même accéléré, à 5,5% a/a (5,4% en septembre). La production de nouveaux prêts est également bien orientée, +4,8% a/a pour le cumul 12m. Mais un freinage marqué est attendu en 2012, tenant à la fois au recul prévu des dépenses d’investissement et des stocks et à un resserrement des conditions de crédit. Les encours de crédit habitat sont également restés en hausse marquée, 8,3% a/a comme en septembre. Mais la production de nouveaux prêts s’infléchit fortement, en liaison avec la correction en cours du marché immobilier. La production en cumul 12m reste en hausse de 14% sur un an, mais le flux des trois derniers mois se replie d’environ 30% sur un an. Cette inflexion va se poursuivre en 2012, compte tenu du recul attendu des ventes (-8%) et des prix (-6%) des logements en 2012.

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