par Lorenzo Ballester-Barral, Directeur Général de CCR AM (groupe UBS)
Ces derniers jours, toute l’actualité a tourné autour du feuilleton grec et de ses répercussions sur la périphérie européenne. A chaque épisode de la crise, l’ampleur des déficits et de la dette a été mise en avant pour stigmatiser l’inconséquence des mauvais élèves de la classe européenne et appeler incidemment à une réduction drastique des dépenses publiques pour mettre un terme au gaspillage. Mais comment l’Espagne, par exemple, va-t-elle réduire ses dépenses avec un taux de chômage qui dépasse désormais les 20% de la population ? Comment les pays de cette zone vont-ils réduire leurs dépenses avec une population vieillissante ?
Non, la solution ne viendra pas d’une réduction des dépenses publiques ! Le vrai problème est la faiblesse de la croissance en raison du manque de compétitivité de cette zone. La Grèce et les pays frappés par la contagion de la crise n’ont pas fait leur devoir ! La cause de la crise est le manque de compétitivité, la conséquence est le déficit budgétaire.
Quels sont ces devoirs ? Flexibiliser le marché du travail, réduire les risques d’une crise asymétrique en mettant en place une véritable stratégie industrielle ouvrant la voie au développement d’un plus grand nombre de secteurs d’activité. Que s’est-il passé? Avec l’euro, les taux d’emprunt ont baissé de façon spectaculaire et une politique économique et financière inadaptée a conduit à la création d’une bulle financière dans ces pays. Tout allait bien dans le meilleur des mondes, les entreprises vendaient, le bâtiment créait de l’emploi, les salaires augmentaient, l’euro était fort…Je ne vais pas vous refaire l’histoire.
Mais quel gouvernement aurait été capable dans cet environnement, de se mettre en danger électoralement en affrontant les syndicats pour flexibiliser le marché du travail, en modifiant la fiscalité pour dégonfler la bulle immobilière, en pénalisant les secteurs les plus dynamiques pour aider les secteurs les moins favorisés ?
Et parmi ces secteurs les moins favorisés, les entreprises, petites ou grandes, très ouvertes à l’export. Les gouvernements de l’Europe du Sud auraient du adopter des réformes pour restaurer leur compétitivité perdue mais ce n’est pas par hasard si les pays qui ont le mieux géré l’appréciation de l’euro sont les pays dont la structure économique et politique est tournée vers le commerce extérieur.
En fait, le problème est inhérent à tous les pays démocratiques, toutes les décisions économiques (rentables ou pas) doivent être surtout politiquement rentables. Mais les exportateurs n’ont jamais décidé des résultats des élections dans le sud de l’Europe.
Va-t-on résoudre le problème avec une aide de 110 milliards sur trois ans pour la Grèce ? NON.
Il faut surtout rendre à ces pays de l’Europe du Sud la compétitivité qu’ils ont perdue et accepter d’engager de profondes réformes politiques et économiques.
Conséquences pour les marchés ? Un euro plus faible et une dette d’Etat plus chère. Les grands perdants de cette crise de l’euro seront les entreprises et les fonds très investis en emprunts d’Etat à long terme avec une faible exposition devises.
Dans nos allocations, nous privilégions donc les politiques d’investissement qui favorisent les marchés globaux, les actions en général mais aussi les actifs décorrélants. Dans ce contexte, j’ai la faiblesse de penser que nous sommes bien positionnés avec nos 4 piliers de gestion (actions, taux, volatilité et allocation) et l’ensemble de l’offre d’UBS pour affronter cette crise.