Le dilemme Chinois

par Stephen P. Wood, Chief Market Strategist de Russell Investments

De manière inexpliquée, l’impact de la Chine sur les marchés mondiaux est largement passé au second plan. Selon nous, la politique actuelle de contraction monétaire reste pourtant un point crucial à court et moyen terme aussi bien pour l’économie mondiale que pour les marchés de capitaux.

Nous nous demandons encore si la Chine sera en mesure d’orchestrer un atterrissage en douceur ou non, mais quoiqu’il en soit, nous pouvons être sûrs qu’atterrissage il y aura. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les marchés actions chinois se sont effondré depuis presque deux ans.

L’hypothèse que nous privilégions est que la politique de contraction monétaire chinoise, mise en place depuis 18 mois, va commencer à ralentir d’une part la croissance mais aussi l’inflation, d’autre part, tout en refrénant la spéculation sur les marchés actions et sur les marchés immobiliers.

Nous avons toujours de bonnes raisons de penser que cette politique de contraction monétaire, bien que problématique à court terme, ne causera pas de dommages irréparables sur les prévisions de long terme de la croissance mondiale – prévisions de croissance mondiale qui prendront de plus en plus en compte le poids de la Chine. Les premiers signaux qui montrent que la politique Chinoise fait effet commencent à être visibles. En réponse à la crise financière mondiale, l’augmentation de la masse monétaire injectée a été telle qu’elle pouvait faire sortir les autorités monétaires Chinoises hors de leur zone de confort ; elle a depuis décéléré pour revenir à des niveaux plus « normaux », conformément à la politique de restriction monétaire mise en place depuis un an et demi.

Aujourd’hui, la Chine se trouve face à un dilemme : sa politique officielle est de combattre une inflation galopante, qui touche durement sa population, notamment sur les denrées alimentaires. Nous pensons que le meilleur moyen de ralentir ces pressions inflationnistes serait de laisser la monnaie chinoise s’apprécier.

Mais cet instrument de politique monétaire vient en conflit avec sa politique d’échange et de développement, qui dépend d’un taux de change peu élevé. C’est ce taux de change qui permet aux exportateurs chinois de rester compétitifs au niveau mondial, et donc aux usines de rester débordantes d’activité, à la population d’avoir des emplois, et enfin à la société de rester harmonieuse. La question est de savoir quelle politique va prévaloir ? La situation de la Chine reste fluide et nous continuons de la surveiller, mais nous restons fidèles à notre scenario de base.