UEM : plus près d’un dilemme

par Sandrine Boyadjian, Bénédicte Kukla et Paola Monperrus Veroni, économistes au Crédit Agricole

  • L’enquête de confiance de la zone euro (ESI) recule fortement en septembre (de 3,2 points sur le mois).
  • Le taux de chômage de l’ensemble de la zone euro est resté stable au mois d’août à 10%.
  • Nette reprise de l’inflation (+3%) dans la zone euro en septembre.

 

L’enquête de confiance pour la zone euro (ESI) publiée par la Commission européenne a de nouveau chuté en septembre. L’indice s’est replié de 3,2 points, s’éloignant encore davantage de la barre des 100 points (à 95). Ce recul est largement attribué aux tensions et incertitudes liées à la crise de la dette souveraine. En particulier, le sentiment économique s’est fortement détérioré en Italie (-5,1 points) et en France (-3,5 points), et dans une moindre mesure, en Allemagne (-2,1 points) et en Espagne (-1,8 point). L’ensemble des secteurs est touché par cette dégradation du climat des affaires. Du côté des ménages, le moral a continué de se replier, de 2,6 points, et ce pour les même raisons que le mois dernier, c’est-à-dire la nette dégradation des perspectives économiques à l’horizon d’un an et celle des anticipations de chômage. Au total, l’indice de septembre est le reflet du ralentissement économique en zone euro.

Le taux de chômage s’est établi à 10% au mois d’août 2011, inchangé par rapport à juillet 2011. Il était à 9,6% en août 2010. Globalement le taux de chômage est resté relativement stable dans tous les pays membres, et a même baissé en Belgique (de 0,1 point à 6,8%) et en Italie (de 0,1 point à 7,9%). Les taux les plus élevés demeurent dans les pays de la périphérie, notamment en Espagne (21,2%), en Grèce (16,7%) et en Irlande (14,6%). Par ailleurs, le taux de chômage des jeunes s’est élevé à 20,4% en moyenne en zone euro, tiré par les niveaux élevés de l’Espagne (46,2%) et de la Grèce (42,9% au T2 2011). À l’avenir, le taux de chômage devrait rester très élevé dans ces pays de la périphérie traverse de forts ajustements budgétaire et économique.

En revanche, pour l’ensemble de la zone euro nous anticipons une légère baisse du taux de chômage au troisième trimestre 2011 (à 9,8% t/t, après 10% sur le deuxième trimestre).

L’indice harmonisé des prix à la consommation accélère au mois de septembre dans la zone euro. Avec un glissement annuel de 3%, contre 2,5% au mois d’août, l’indice reflète l’accélération marquée des prix en Allemagne (+2,8%, après 2,5%), en Italie (+3,5%, après 2,3%) et, dans une moindre mesure, en Espagne (+3,0%, après 2,7%). La hausse du taux de la TVA de 20% à 21% dès le 17 septembre en Italie a donc déjà produit ses effets, bien que la hausse de l’inflation soit encore majoritairement imputable aux prix des produits énergétiques. L’inflation s’éloigne donc davantage de l’objectif de la BCE. Le poids des voix les plus conservatrices pourrait se réaffirmer, au moment où la possibilité d’un assouplissement de la politique monétaire paraissait transparaître dans les discours officiels.

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