par Patrice Nordey, CEO de L’Atelier (Shanghai) Ltd., Groupe BNP BNP Paribas
La question peut paraitre incongrue et pourtant de plus en plus d’entreprises cherchent à mesurer et comparer leurs performances dans l’utilisation des nouveaux médias Internet et mobiles (téléphones, tablettes tactiles). L’enjeu est de pouvoir auditer leur stratégie digitale et l’améliorer afin d’impacter plus fortement les consommateurs qui se font de plus en plus nombreux sur le Net.
Le think tank américain L2 basé à New York a construit sur cette idée le concept de « Digital IQ ». Cette nouvelle approche, supportée par une méthodologie d’analyse et de mesure, a déjà permis de mesurer le quotient intellectuel digital de nombreuses marques dans le domaine de l’automobile, de la santé, du luxe ou encore des services financiers aux Etats-Unis.
On y apprend par exemple que sur 27 banques de détails et établissements de crédits américains étudiés seules 2 entreprises, American Express et Bank of America, atteignent le stade qualifié de « génie » avec score Digital IQ supérieur à 140. Ces résultats sont le fruit de multiples initiatives et collaborations innovantes avec des sociétés de jeux en ligne telles que Zynga, de géolocalisation des consommateurs tels que Foursquare mais aussi Youtube, Twitter, iTunes et les applications mobiles sur iPhone. Parmi les derniers de la classe figurent HSBC, RBS ou encore Diners Club.
A travers de nombreuses analyses, le think tank L2 montre également d’intéressantes corrélations avec les performances économiques des entreprises. Ainsi dans le domaine de l’automobile, les entreprises ayant un quotient digital élevé sont aussi celles qui enregistrent sur la même période des croissances de ventes supérieures à la moyenne de leur industrie.
Récemment le think tank s’est attaché à classer 100 grandes marques étrangères présentes en Chine. Il apparaît par exemple que 20% des entreprises analysées n’ont pas traduit leur site web en chinois, le secteur des vins et spiritueux étant particulièrement à la traine avec 30% de sites web non traduits. Près de 40% de ces sites n’ont pas de fonction simple pour localiser les magasins de la marque. Alors que la Chine dispose de plus de 800 millions d’utilisateurs de téléphones mobiles, seules 42 marques sur 100 ont développé un site ou une application mobile. Enfin, seules 10% des ces marques sont engagées dans le e-commerce, la majorité d’entre elles provenant de l’industrie cosmétique (6 marques sur les 13 que compte ce panel).
Parmi les marques ayant le quotient intellectuel digital le plus élevé figurent Lancôme, BMW, Estée Lauder ou encore Audi. Parmi les derniers de ce top 100 figurent Yves Saint-Laurent, Bottega Veneta, Chopard, Franck Muller et de nombreuses marques de vins et spiritueux telles que Moët & Chandon, Dom Perignon ou encore Veuve Cliquot.
A quand le « Digital IQ » dans le rapport annuel des entreprises cotées ? Certains s’y préparent déjà…