par Edward Bonham Carter, Vice-président du Conseil d’Administration de Jupiter Asset Management
Aux vues du résultat des élections au Royaume-Uni, le soulagement des investisseurs s’est directement traduit par une hausse du marché boursier britannique. Cependant une fois l’euphorie retombée, tout le travail reste à faire pour convaincre les britanniques de rester dans l’Union Européenne.
Depuis quelques temps déjà, les investisseurs se sont montrés réticents à investir car ils craignaient que les élections n’aboutissent qu’à l’absence de majorité au Parlement, qui se traduiraient par des semaines d’incertitudes due aux marchandages entre partis politiques pour former un gouvernement. Le résultat sans appel des élections a mis fin à ces craintes, provoquant immédiatement un rallye sur le marché actions. Les gains ont été particulièrement marqués dans les secteurs qui auraient été les plus impactés en cas de victoire des Travaillistes : les financières, les compagnies d’électricités et les constructeurs ont vu leurs actions grimpés fortement. Mais l’euphorie va inévitablement retomber et la question de l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union Européenne va resurgir.
Le Parti Conservateur a, selon nous, clairement reçu un message des britanniques pour revoir les relations économiques entre le pays et ses voisins Européens. Nous pensons que grâce à ce mandat, David Cameron et son équipe pourront négocier les réformes nécessaires qui pousseront l’électorat britannique à voter en faveur du maintien au sein de l’Union Européenne, et du même coup neutralisent, voire achèvent, un parti UKIP déjà affaibli.
Lors de la période pré-électorale, les chiffres économiques mitigés ont alimenté les discours des Cassandre qui voyaient s’essouffler la croissance record qu’a connue le Royaume-Uni ces deux dernières années. Selon nous, l’incertitude sur le résultat des élections, avec des sondages annonçant des chiffres trop serrés pour pouvoir se prononcer, ont poussé les consommateurs et les entreprises à différer leurs dépenses. Nous devrions prochainement assister à un rebond de l’économie britannique, mais si la croissance reprend fortement, cela soulèvera une fois de plus des spéculations sur le relèvement des taux par la Banque d’Angleterre. L’industrie de la gestion d’actifs est, quant à elle, particulièrement soulagée de voir perdurer les réformes des retraites et de l’épargne mises en place par la coalition sortante.
En période d’élections, il est facile de rester focaliser sur les problèmes nationaux et de laisser au second plan l’international, alors qu’il mérite tout autant notre attention. Lors des quelques derniers jours, nous avons assisté à une hausse soutenue des rendements obligataires qui a troublé les marchés actions et soulevé des interrogations sur les perspectives de la croissance mondiale – un rappel à point nommé que l’économie britannique ne vit pas dans une bulle mais est soumise aux forces du marché mondial et que les hommes politiques nationaux n’ont qu’un petit rôle à jouer.