UEM : l’année 2010 clôture en décevant

par Paola Monperrus-Veroni, économiste au Crédit Agricole

La timide dynamique de reprise de l’activité en zone euro se poursuit au quatrième trimestre, avec un taux de croissance de +0,3% t/t. Mais cette performance, en deçà des anticipations formées à la lecture des enquêtes, est le résultat de facteurs exceptionnels en France et en Allemagne. Parmi les grands pays de la zone euro, la hiérarchie établie depuis la sortie de crise n’est pas bouleversée avec l’Allemagne toujours en tête.

La reprise ne se renforce pas…

La timide dynamique de reprise de l’activité en zone euro se poursuit au quatrième trimestre, avec un taux de croissance de +0,3% t/t, qui la maintient sur le même rythme qu’au trimestre précédent. Cette performance, à peine plus faible que notre prévision (+0,4% t/t) permet d’engranger un taux de croissance en moyenne annuelle de +1,7% après -4% en 2009. Par rapport au quatrième trimestre de l’année 2009, la croissance accuse un léger ralentissement (2,0% en g.a. contre 2,2%) mais cela n’est pas le fait des grandes économies de la zone, qui à l’exception de la France, affichent une accélération de la croissance en glissement annuel en fin d’année.

… en partie à cause de facteurs exceptionnels

Par contre, le dernier trimestre ressort moins dynamique que le précédent en Allemagne (+0,4% t/t après +0,7%) et en Italie (+0,1% t/t après +0,3%) et tout aussi peu dynamique en France (+0,3% t/t). Seule l’Espagne, parmi les grands pays de la zone, peut afficher une accélération du PIB au dernier trimestre 2010 (+0,2% t/t après 0%). Pour l’Allemagne et la France, cette performance est le résultat de facteurs plutôt exceptionnels. Un recul marqué de l’investissement dans la construction en Allemagne, dû à des facteurs climatiques. Ce repli est à peine compensé par l’accélération de l’investissement en équipement et de la consommation privée, laissant au seul commerce extérieur le rôle de contribuer positivement à la croissance. Une très forte contribution négative des stocks (notamment dans l’aéronautique) en France, limitant l’impact sur la croissance du PIB d’une contribution de plus en plus positive de la demande intérieure et des exportations nettes.

Les croissance

Malgré le tassement de la demande mondiale en milieu d’année, les échanges commerciaux continuent donc de contribuer positivement à la croissance en fin d’année. C’est le cas aussi en Espagne où l’accélération du PIB est tirée par une plus forte contribution du solde extérieur, face à une demande intérieure encore en recul. La zone euro a pu donc préserver en 2010 un excédent commercial, bien que réduit par rapport à 2009. En revanche, le cycle des stocks ne paraît pas tout à fait normalisé avec des mouvements de déstockage assez importants qui subsistent. C’est le cas aussi de l’Italie, où l’évolution de la production industrielle, plus faible encore que celle du chiffre d’affaires signale la poursuite du processus de réduction des stocks.

Le climat de confiance offre une lecture plus optimiste

Plus dynamiques, les indicateurs qualitatifs faisaient état d’une amélioration au quatrième trimestre et, avec une intensité différente selon les pays, ils signalaient un raffermissement de la demande intérieure. Exception faite pour les pays de l’ancienne zone Mark, ils suggéraient néanmoins la persistance de surcapacités, ce qui limiterait les perspectives de croissance dans les prochains trimestres. Cependant, ces mêmes facteurs qui ont tiré vers le bas la croissance au quatrième trimestre pourraient jouer en sens contraire dès le premier trimestre 2011 et imprimer une accélération plus marquée au PIB, que la lecture des indicateurs et du changement d’orientation de la politique budgétaire suggéreraient.

La hiérarchie est confirmée

Parmi les grands pays de la zone euro, la hiérarchie établie depuis la sortie de crise n’est pas bouleversée avec l’Allemagne bénéficiant d’un acquis de croissance égal à +1,2% pour l’année 2011, suivie de la France à +0,5%, de l’Italie à +0,3% et de l’Espagne à +0,2%. Ce différentiel de croissance se traduit par une totale récupération du niveau de PIB par tête d’avant la crise par l’Allemagne, alors que dans les autres pays, la richesse par habitant a été nettement réduite jusqu’à effacer, notamment pour l’Italie et en moindre mesure pour l’Espagne, les gains engrangés au cours des années 2000.

Le différentiel se creuse des deux cotés de l’Atlantique

La politique d’austérité, déjà engagée dans la zone euro, a contribué à creuser le différentiel de croissance avec les Etats-Unis, qui, à l’aide d’un policy-mix encore très accommodant, ont pu réaliser une croissance de 0,8% au quatrième trimestre 2010. Globalement, la phase de reprise n’est pas consolidée au point de rendre nécessaire une inversion de l’orientation de la politique monétaire au cours des prochains trimestres.

Retrouvez les études économiques de Crédit Agricole