par Charlotte de Montpellier, Economiste chez ING
L’indicateur du climat des affaires et les indices PMI ont reculé en juin en France, en raison d’une dégradation des composantes prospectives. L’activité économique devrait rester peu dynamique dans les prochains trimestres.
Chute de l’optimisme
En France, l’indicateur du climat des affaires a légèrement diminué en juin, atteignant 104 contre 106 en mai, à la suite d’une baisse dans le commerce de détail et dans le secteur des services. Dans l’industrie, le climat des affaires augmente légèrement. Bien que le niveau de l’indicateur ne soit pas en soi très inquiétant, celui-ci étant toujours supérieur à sa moyenne de longue période, les détails le sont davantage. En effet, les reculs observés dans le secteur des services et dans le commerce de détail ont été causés par une dégradation des composantes prospectives de l’indicateur. Les perspectives d’activité et la demande prévue pour les prochains mois ont été jugées moins favorables par les chefs d’entreprises de ces secteurs. Dans l’industrie également, l’optimisme concernant l’activité prévue chute fortement.
Les indices PMI sont eux tous largement en recul, et de façon plus importante qu’attendue. L’indice composite s’est établi à 52.8 en juin contre 57 en mai avec une baisse aussi bien dans le secteur des services que dans l’industrie. La composante ‘production’ pour le secteur manufacturier est carrément entré en territoire de contraction (à 45.7 en juin contre 51 en mai).
Pic d’inflation en vue
De façon intéressante, aussi bien l’indicateur du climat des affaires que les PMI font état de tensions toujours importantes sur les prix, mais ces tensions semblent se stabiliser (dans le secteur industriel) et sont même en légère baisse (dans le secteur des services). Face au ralentissement de la demande, les entreprises semblent donc envisager de moins augmenter leur prix dans les prochains mois. Cela vient confirmer notre prévision d’un pic d’inflation des prix à la consommation au cours de l’été, avant une diminution très progressive au cours du dernier trimestre de l’année, dans l’hypothèse où le contexte géopolitique permet aux prix de l’énergie de ne pas augmenter fortement. L’inflation devrait s’établir au-dessus de 5.5% sur l’ensemble de l’année 2022.
Une fin d’année peu dynamique
De manière globale, ces indicateurs indiquent que les perspectives économiques restent fortement impactées par le contexte de hausse des prix et de ralentissement de la demande mondiale. Dans le secteurs des services, l’activité reste solide grâce à la fin des restrictions sanitaires, et notamment à la très bonne saison touristique attendue pour cet été. Cela devrait booster l’activité économique au deuxième et troisième trimestre. Dans le même temps, les perspectives pour les services se dégradent en raison du contexte d’inflation qui plombe les revenus réels des ménages et de la baisse de la confiance des consommateurs. Le rebond actuel des services semble prêt à prendre fin, probablement dès la fin de l’été. Dans le secteur industriel, les entreprises se débattent toujours avec des difficultés d’approvisionnement et de recrutement, ce qui limitent la production de 72% d’entre elles. Cela implique qu’il faudra du temps pour résorber les retards dans les chaines de production, ce qui pourrait continuer à avoir un effet positif sur l’activité. En outre, l’activité prévue par les entreprises industrielles chute fortement, ce qui signifie qu’il n’y a peu d’élan pour la
production des prochains mois au-delà de la résorption des retards. Les enquêtes PMI indiquent d’ailleurs que l’activité achats a enregistré son premier recul depuis novembre 2020, les entreprises disposant désormais de stocks suffisants pour répondre à la demande. Cela implique que les stocks risquent de conduire à un ralentissement de l’activité.
Pour les perspectives de croissance, tout cela implique que nous n’attendons plus de rebond de l’activité économique française au cours de la deuxième moitié de l’année. Après la contraction observée au premier et une probable stagnation au deuxième trimestre, le troisième trimestre pourrait être le plus dynamique de l’année, mais le quatrième trimestre risque d’être de nouveau synonyme de contraction, en raison des prix élevés et du ralentissement marqué de la croissance mondiale. Nous tablons sur une croissance de 2.1% en 2022 et de 0.9% en 2023.