Faut-il s’attendre à des séquelles post-pandémie ?

par Jim Leaviss, CIO Fixed Income chez M&G Investments

Il est indéniable que le rythme de la reprise post-pandémique est désormais extrêmement soutenu, notamment au Royaume-Uni et aux États-Unis. L’Institute for Supply Management (ISM) a récemment constaté que le secteur américain des services, par exemple, a enregistré une croissance record en mars. Le sentiment d’optimisme s’accroît et la création d’emplois est forte – notamment dans les domaines sensibles à la Covid-19, comme l’hôtellerie. À mesure que les économies se débloquent, que les programmes de vaccination progressent et que les restrictions d’accès commencent à s’atténuer, les gens retrouvent le chemin des emplois dans le secteur des services.

On s’interroge sur le degré de sequeles lié à la Covid-19 auquel nous devons nous attendre. Pourrions-nous assister à une perte permanente de compétences due au chômage ? La récession actuelle est essentiellement une récession du secteur des services, où la transférabilité des compétences est beaucoup plus élevée que lors de la récession manufacturière des années 1980, par exemple. En d’autres termes, si quelqu’un perd son emploi dans un pub, il peut être en mesure de transférer les mêmes compétences dans un autre pub ou restaurant. Ce n’était pas le cas dans les années 80. À l’époque, si vous étiez dans le nord-est de l’Angleterre et que vous perdiez votre emploi dans la fabrication de l’acier, par exemple, vous auriez dû déménager très loin pour trouver une autre usine sidérurgique, sans parler de celle qui embauchait. On peut donc affirmer que le degré de sequelles sera cette fois bien moindre que dans les années 80, et que le désengorgement de l’économie sera donc plus rapide.

Un contre-argument à cette rhétorique pourrait être que malgré l’énorme création d’emplois jusqu’à présent, il y a toujours des millions de personnes au chômage. La Réserve fédérale américaine a beaucoup parlé d’examiner non seulement le taux de chômage global, mais aussi la mesure U-6, qui indique le nombre de personnes qui ne travaillent pas autant qu’elles le souhaiteraient. Il y a également des discussions autour de la discrimination et de la question d’une reprise post-pandémique inégale, avec des questions au sein de la Fed sur les pertes de richesse disproportionnées pour les travailleurs noirs, les autres minorités raciales et les personnes ayant des emplois moins bien rémunérés – et si ou non elle devrait agir pour y remédier. Cela devrait constituer un enjeu clé pour la Fed dans les prochains mois.